DIEGO des RÊVES DE LOLA
HISTOIRES DE...

Or donc, Diego.
A peine né, le destin, sous les traits de son éleveuse Mme Guérin, s'est penché sur son coussin. En fait, il n'aurait pas du vivre. Jumeau d'une des trois chatonne de la portée, il était trop frêle et ne pouvait accéder aux tétines de sa mère, bousculé en permanence par ses sœurs. Mais grâce à l'abnégation, la persévérence et la passion de Mme Guérin, cette chose qu'on avait du mal à identifier comme un chat a pu vivre. Grâce lui soit rendue ! Mais c'est vrai que lorsque j'ai vu pour la première fois une photo dudit Diego, j'ai éclaté de rire. Cette chose informe qui ressemblait plus à un rat qu'à un chat avait une telle expression, une telle bouille que j'ai craqué immédiatement, à l'incrédulité presque méfiante de son éleveuse.
Diego sur son perchoir
Ce jour (29 sept 2008) il a presque cinq mois et est devenu un superbe chaton qui n'a plus rien à envier à ses sœurs.
C'est le propre de ces p'tites bêtes que de posséder une rage de vivre incroyable et de s'en sortir avec panache. Mon précédent chat Momo avait aussi eu une prime enfance assez difficile puisque trouvé, errant et affamé, dans la rue alors qu'il ne devait avoir que quelques mois. Il est devenu par la suite un magnifique chat, intelligent et affectueux.
À sa différence, Diego, malgré ses problèmes, a eu une mère (deux !), des sœurs (un peu envahissantes), une bonne éducation maternelle et plein d'amour et d'affection. Le fait d'avoir eu sa mère se reflète dans ses comportements actuels autrement plus « normaux » que ceux du pauvre Momo. Je suis toujours étonné que Diego ne se précipite pas comme un affamé sur sa nourriture qu'il prend tranquillement quand il en a envie, qu'il se laisse manipuler et porter avec plaisir sans gigoter comme un asticot et essayer de s'échapper façon anguille, qu'il ne fasse pas ses griffes obligatoirement sur le divan mais sur son arbre à chat fait pour ça (à la décharge de Momo, ce dernier n'avait pas d'arbre à chat, funeste oubli...), que... Bref, c'est un chaton équilibré, bien élevé et civilisé. Bien sûr, il a ses moments de folie difficiles à maîtriser. Mais en ai-je seulement l'envie.
Diego sur son PC
Il y a ces fois où il avance d'une patte décidée sur mon Mac, la queue en panache et le ronronnement affectueux... Celui ci n'en peut mais et a tout soudain un comportement aberrant avec des bruits bizarres. Je déménage alors vivement le bestiau sur le PC proche qui lui a été attribué et auquel je tiens largement moins. On est un peu en bisbille sur ce sujet mais je ne désespère pas qu'il comprenne ça.
Il y a ces fois aussi ou il fait l'écureuil sur le grillage de la fenêtre. J'ai toujours peur qu'il se détache, même si je l'ai bien consolidé. Alors je dois dégrafer griffe par griffe un tas de poils fermement agrippé et pas décidé du tout à en partir.


Voici donc Diego des Rêves de Lola, mon angora turc préféré, mon petit elfe domestique, l’âme fourrure empanachée de la maison, discrète et légère présence occupant délicatement les lieux.

Ce qui définit le mieux Diego, c’est la délicatesse. Délicatesse des attitudes quand il se met en retrait sagement, bien rangé (cette expression lorsqu’il s’assoit, la queue bien rangée autour de ses pattes) lorsque je suis occupé ou que je mange, celle des sentiments quand il vient me déclarer son affection (à grands coups de museau), celle des gestes du quotidien lorsqu’il prend doucement un morceau de viande que je lui tends (mais qu’il va poser sur la moquette qui n’en peut mais) ou qu’il vient s’installer près de moi pour dormir en prenant mille précautions pour ne pas me déranger (mais en me marchant précautionneusement dessus), celle aussi des mouvements lorsqu’il me donne deux coups de pattes de velours parce que je me suis un peu trop moqué de lui, celle aussi lorsqu’on joue à cache-cache, un de ses jeux préférés, lorsqu’il détale comme un lapin (!) quand je le découvre, tapi derrière une porte à jeter un œil pour voir où j’en suis ce qui fait qu’inévitablement je le trouve et qu’il m’attend un peu plus loin, la queue en panache. Il faut dire que Diego joue à cache-cache non pour gagner, mais pour que je le trouve. Ensuite, il va se cacher derrière le store du salon parce que, ne me voyant pas, il croit que je ne repère pas la bosse que fait le rideau et la silhouette de chat qui se dessine derrière… Ou alors… ou alors, Diego me fait jouer et ça doit l’amuser prodigieusement. C’est ça la délicatesse des chats : c’est de nous laisser ignorer que c'est lui qui joue avec nous.

Mais, Diego c’est aussi la grâce, celle inimitable des chats lorsqu’ils sautent (sauf lorsqu’il rate son saut et s’agrippe désespérément), font leur toilette avec des petits bruits de bouche (et reste une patte en l’air, comme oubliée, parce qu’il a été dérangé), vous regardent en penchant la tête de coté (ce qui a le don de me faire inévitablement éclater de rire, ce qui accentue sa mimique, ce qui accentue mon hilarité, etc.), fixent en faisant la poule un objet qui les intrigue (il balance sa tête d’avant en arrière comme pour mieux accommoder) (ce qui a aussi pour conséquence de déclencher mon hilarité), essaient d’attraper une ombre qui file, sautent indéfiniment sur un moucheron imaginé sur le mur (qui n’est pas un moucheron mais l’œilleton sur la porte), chassent pendant des heures une mouche qui tente désespérément de sauver sa peau, tout ça pour mâchouiller consciencieusement au final quelque chose qui lui a couté une énergie démentielle (et qu’il m’a retourné l’appartement tout aussi consciencieusement), mangent leur nourriture avec des petits bruits de bouche discrets (en parsemant les alentours de morceaux éjectés). Mais Diego c’est aussi une superbe queue en panache qui circule dans l’appartement, frétillante ou simplement ondulante, énervée ou bien rangée et qui décrit bien l’état dans lequel il se trouve. La queue des chats est le baromètre de leur humeur et bien fol est celui qui n’y prête pas assez attention.

J’aime l’affection de mon Diego. Non par égocentrisme ou orgueil, mais parce qu’elle signifie qu’il se sent en confiance, qu’il se sent bien. Ça me rassure. Je me suis toujours demandé si l’affection des chats est intéressée ou gratuite. Étant donné qu’il a tout le confort possible, qu’il ne manque de rien (sauf peut être d’herbe où dégourdir ses pattes et ses sens), on peut supposer que son affection est pure d’arrière pensées que moi seul ai…
Inquiet (le chat) lorsque je quitte l’appartement, je le retrouve en rentrant tout vibrant d’affection et de caresses à tisser autour de mes jambes la toile de son affection, comme si mon retour effaçait cette aussi longue absence (qui parfois ne dure que quelques minutes). Diego n’aime pas trop se retrouver seul, même si, comme tout chat qui se respecte, lorsqu’il n’a pas à s’occuper il dort. Mais je suis sûr que lorsque je rentre, il sera, plus ou moins vaseux au sortir d’un sommeil tranquille, derrière la porte, bien rangé à m’attendre et prêt à lancer l’opération miaulements désespérés du chat abandonné qui me tisse des fils (liens ?) inextricables autour des jambes. J’ai droit soit aux miaulements du pauvre chat perdu qui ressemblent plus à un roucoulement de pigeon (!) et qui définissent bien l’état lamentable dans lequel il se trouve, soit à des miaulements presque impératifs et réprobateurs. Mais tout ça se termine inévitablement par de longues papouilles qu’il considère comme étant tout à fait normales et dues. Ensuite, rassuré, il vaque à ses occupations et moi je peux vaquer aux miennes…

Attentif. Combien de fois, alors que j’étais occupé à lire sur mon divan, en jetant un coup d’œil sur le coté je découvre mon chaton assis bien rangé et me fixant. Cela fait un bon moment qu’il est là, patient à attendre quelque chose de moi, à m’observer sagement. Il n’y a rien de pire parce que tout soudainement mille suppositions s’entrechoquent dans mon cerveau. Que veut il ? Ai-je oublié quelque chose ? A-t-il besoin de quelque chose ? Que faire ? Quoi faire ? Où, quand, comment ? Heureusement que le mot magique proféré, à savoir « Chaton ! », dénoue l’insoutenable situation, il s’approche de moi, réfléchit quelques secondes (les chats sont un peu lents d’esprit parfois et ils doivent réfléchir avant d’entamer une action) et me saute dessus plein d’amour et d’affection. Et je me retrouve dans la situation précédente avec un chat en plus dans mes bras, ce qui n’est pas toujours pratique pour lire surtout lorsque ledit bestiau se contorsionne pour trouver la meilleure position…

« Chaton » ? Oui parce que Diego, s’appelant en réalité « Diego des rêves de Lola » (c’est écrit sur son pedigree), a d’autres noms plus affectueux et plus habituels. Il répond très bien à « Chaton ! » mais a droit aussi à « le bestiau, le tas de poils (on se demande pourquoi surtout lorsque j’en ai un sans queue ni tête lové sur le divan…), le raton laveur (parce que, selon certain éclairage de son museau, il ressemble tout à fait à un raton laveur), le pigeon (lorsqu’il roucoule, ce que j’aime par dessus tout), la poule (lorsqu’il fait ses inimitables mouvement de cou), le lapin (lorsqu’il déploie ses pattes arrières léporidesques…)...

À suivre...